RASSEMBLER
la gauche sociale, écologiste et citoyenne
Un premier niveau de salaire inconditionnel devait mettre d’accord tous les militants du progrès social, rassembler la grande famille socialiste, communiste, écologiste, féministe et progressiste apparentée. Que ce soit les partisans du revenu universel, du revenu de base ou de dignité, de la Sécurité sociale professionnelle, de la Sécurité emploi et formation, de l’allocation d’autonomie étudiant, du salaire au travail ménager ou bien encore les défenseurs d’une grande Sécurité sociale démocratique financée par la cotisation, sans oublier les partisans de la réduction du temps de travail et de la garantie d’emploi dont le PNSI constitue une approche complémentaire.
Et que l’on ne vienne pas nous dire qu’il faut d’abord augmenter les salaires, c’était le même argument utilisé par les réfractaires à la Sécurité sociale avant sa création et cela n’a pas empêché la progression des deux, bien au contraire. La question de l’augmentation des salaires se pose indépendamment du salaire inconditionnel.
Que l’on ne nous dise pas non plus que « ce que veulent les gens, c’est du travail », en oubliant qu’ils recherchent moins un emploi soumis aux vicissitudes du marché qu’un salaire qui sécurisera leur niveau de vie et leur parcours professionnel. En oubliant aussi que des millions de travailleurs sont sans salaires et attendent la reconnaissance monétaires de leur travail et n’ont pas besoin qu’on leur en promette un autre pour être payés.
Le chaînon manquant
Le PNSI est le chaînon manquant entre le programme maximum pour le dépassement du capitalisme qui verra le salariat disposer de l’ensemble la valeur ajoutée par le biais de la socialisation - mais qui ne peut faire aujourd’hui l’objet d’un mot d’ordre de masse - et le programme minimum des revendications dans le cadre de la société actuelle.
Bien sûr, la défense de l’existant est une préoccupation légitime quand le rapport de force est aussi défavorable au salariat et l’agression aussi décomplexée. L’amélioration prudente des conquis sociaux apparaît pragmatique d’un point de vue politique. Il faut apparaître « crédible » face au déchaînement du capital, à la montée de son autoritarisme libéral, mais il faut aussi lui opposer une force de proposition ambitieuse disposant d’une mesure concrète qui fasse sens pour la population. La crédibilité commence par renouer avec la perspective de changer la vie pour déjouer les prévisions les plus pessimistes. Car la victoire idéologique de la droite n’est qu’apparente. Elle repose pour beaucoup sur l’incapacité de la gauche à contester l’exploitation du travail gratuit de toute une société par le capital pour consolider ses profits. La production du travail invisible socialement nécessaire – qui ne peut ni de doit faire l’objet d’une rationalité industrielle ni d’une transaction marchande – ne peut s’affirmer que si elle fait l’objet d’un salaire inconditionnel accordant la pleine souveraineté de celle ou celui qui l’exécute.
Comme les congés payés ou la Sécurité sociale en leur temps furent des avancées majeures du mouvement ouvrier, un premier niveau de salaire inconditionnel marquera une étape décisive dans l’histoire de l’émancipation sociale. La reconnaissance du travail invisible et de sa rémunération reste comme toujours, à gauche, un choix de société qui conteste l’hégémonie du capital sur nos vies. La reconstruction du projet unitaire de la gauche pour un débouché majoritaire ne pourra se faire sans un principe de cohésion qui rassemble les intérêts de tous ceux qui créent la richesse. Les salariés, les indépendants, la jeunesse, les retraités, les entrepreneurs, les artistes, les chômeurs, les exclus et tout particulièrement les femmes qui sont les victimes en première ligne du travail invisible, attendent un premier niveau de salaire inconditionnel pour mettre fin à la misère, à l’asservissement et aux angoisses du lendemain. Mais aussi pour être reconnu enfin en tant que membre actif de la collectivité par un salaire qui témoigne de notre utilité sociale quel que soit notre statut et accorde l’autonomie nécessaire à tout épanouissement individuel et collectif, comme à toute responsabilisation personnelle. Émanciper le travail reste la grande cause du XXIe siècle, dans l’entreprise comme en dehors, car il détermine notre avenir social et écologique, l’harmonie entre les hommes et les femmes et le socle de toute vie démocratique.